La Faute de l'Abbé Mouret
La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°296)
Partie : Livre 1, chapitre VIII
Dans le parc ? répéta Jeanbernat d'un air de profonde surprise, mais il y a plus de douze ans que je n'yai mis les pieds ! Que voulez-vous que j'aille faire, au milieu de ce cimetière ? C'est trop grand. C'est stupide, ces arbres qui n'en finissent plus, avec de la mousse partout, des statues rompues, des trous dans lesquels on manque de se casser le cou à chaque pas. La dernière fois que j'y suis allé, il faisait si noir sous les feuilles, ça empoisonnait si fort les fleurs sauvages, des souffles si drôles passaient dans les allées, que j'ai eu comme peur. Et je me suis barricadé, pour que ce parc n'entrât pas ici... Un coin de soleil, trois pieds de laitue devant moi, une grande haie qui me barre tout l'horizon, c'est déjà trop pour être heureux. Rien, voilà ce que je voudrais, rien du tout, quelque chose de si étroit, que le dehors ne pût venir m'y déranger. Deux mètres de terre, si vous voulez, pour crever sur le dos.