La Faute de l'Abbé Mouret
La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°1957)
Partie : Livre 3, chapitre XII
J'ai pensé souvent aux saints de pierre qu'on encense depuis des siècles, au fond de leur niche, dit-il à voix très basse. A la longue, ils doivent être baignés d'encens jusqu'aux entrailles... Et moi je suis comme un de ces saints. J'ai de l'encens jusque dans le dernier pli de mes organes. C'est cet embaumement qui fait ma sérénité, la mort tranquille de ma chair, la paix que je goûte à ne pas vivre... Ah ! que rien ne me dérange de mon immobilité ! Je resterai froid, rigide, avec le sourire sans fin de mes lèvres de granit, impuissant à descendre parmi les hommes. Tel est mon seul désir.