La Faute de l'Abbé Mouret
La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°1829)
Partie : Livre 3, chapitre IX
Oh ! merci mon Dieu, du secours que vous avez bien voulu m'envoyer. Sans votre grâce, j'écoutais la voix de ma chair, je retournais misérablement à mon péché. Votre grâce me ceignait les reins comme une ceinture de combat ; votre grâce était mon armure, mon courage, le soutien intérieur qui me tenait debout, sans une faiblesse. O mon Dieu, vous étiez en moi ; c'était vous qui parliez en moi, car je ne reconnaissais plus ma lâcheté de créature, je me sentais fort à couper tous les liens de mon cœur. Et voici mon cœur tout saignant ; il n'est plus à personne, il est à vous. Pour vous, je l'ai arraché au monde. Mais ne croyez pas, ô mon Dieu, que je tire quelque vanité de cette victoire. Je sais que je ne suis rien sans vous. Je m'abîme à vos pieds, dans mon humilité.