La Faute de l'Abbé Mouret
La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°1489)
Partie : Livre 3, chapitre III
La Teuse était jalouse. Le docteur Pascal lui avait livré un véritable combat, pour lui enlever son malade, lorsqu'il avait jugé le jeune prêtre perdu, s'il le laissait au presbytère. Il dut lui expliquer que la cloche redoublait sa fièvre, que les images de sainteté, dont sa chambre était pleine, hantaient son cerveau d'hallucinations, qu'il lui fallait, enfin, un oubli complet, un milieu autre, où il pût renaître, dans la paix d'une existence nouvelle. Et elle hochait la tête, elle disait que nulle part " le cher enfant " ne trouverait une garde-malade meilleure qu'elle. Pourtant, elle avait fini par consentir ; elle s'était même résignée à le voir aller au Paradou, tout en protestant contre ce choix du docteur, qui la confondait. Mais elle gardait contre le Paradou une haine solide. Elle setrouvait surtout blessée du silence de l'abbé Mouret sur le temps qu'il y avait vécu. Souvent, elle s'était vainement ingéniée à le faire causer. Ce matin-là, exaspérée de le voir tout pâle, s'entêtant à souffrir sans une plainte, elle finit par agiter sa cuiller comme un bâton, elle cria :