La Débâcle
La Débâcle (paragraphe n°754)
Partie : PREMIERE PARTIE, chapitre VII
De la même voix tranquille et comme indifférente, il donna quelques détails sur la défaite du 5e corps, surpris à Beaumont au moment de faire la soupe, forcé de se replier, culbuté jusqu'à Mouzon par les Bavarois. Des soldats débandés, fous de panique, qui traversaient Remilly, lui avaient crié que de Failly venait encore de les vendre à Bismarck. Et Maurice songeait à ces marches affolées des deux derniers jours, à ces ordres du maréchal de Mac-Mahon hâtant la retraite, voulant passer la Meuse à tout prix, lorsqu'on avait perdu en incompréhensibles hésitations tant de journées précieuses. Il était trop tard. Sans doute le maréchal, qui s'était emporté en trouvant à Oches le 7e corps, qu'il croyait à la Besace, avait dû être convaincu que le 5e corps campait déjà à Mouzon, lorsque celui-ci, s'attardant à Beaumont, s'y laissait écraser. Mais qu'exiger de troupes mal commandées, démoralisées par l'attente et la fuite, mourantes de faim et de fatigue ?