La Débâcle
La Débâcle (paragraphe n°378)
Partie : PREMIERE PARTIE, chapitre IV
Justement, on sonnait au sergent, pour un service d'ordre, et le sergent Sapin, de son air mélancolique, vint avertir les hommes de sa section que, toute distribution étant impossible, ils eussent à se suffire avec leurs vivres de campagne. Le convoi, disait-on, était resté en route, à cause du mauvais temps. Quant au troupeau, il devait s'être égaré, à la suite d'ordres contraires. Plus tard, on sut que le 5e et le 12e corps étant remontés, ce jour-là, du côté de Rethel, où allait s'installer le quartier général, toutes les provisions des villages avaient reflué vers cette ville, ainsi que les populations, enfiévrées du désir de voir l'empereur ; de sorte que, devant le 7e corps, le pays s'était vidé : plus de viande, plus de pain, plus même d'habitants. Et, pour comble de misère, un malentendu avait envoyé les approvisionnements de l'intendance sur le Chêne-Populeux. Pendant la campagne entière, ce fut le continuel désespoir des misérables intendants, contre lesquels tous les soldats criaient, et dont la faute n'étaitsouvent que d'être exacts à des rendez-vous donnés, où les troupes n'arrivaient pas.