La Débâcle

La Débâcle (paragraphe n°3016)

Chapitre VII

Pendant tout le mois d'avril, Maurice fit le coup de feu, du côté de Neuilly. Le printemps hâtif fleurissait les lilas, on se battait au milieu de la verdure tendre des jardins ; et des gardes nationaux rentraient le soir avec des bouquets au bout de leur fusil. Maintenant, les troupes réunies à Versailles étaient si nombreuses, qu'on avait pu en former deux armées, l'une de première ligne, sous les ordres du maréchal de Mac-Mahon, l'autre de réserve, commandée par le général Vinoy. Quant à la Commune, elle avait pour elle près de cent mille gardes nationaux mobilisés et presque autant de sédentaires ; mais cinquante mille au plus se battaient réellement. Et, chaque jour, le plan d'attaque des Versaillais s'indiquait davantage : après Neuilly, ils avaient occupé le château de Bécon, puis Asnières, simplement pour resserrer la ligne de l'investissement, car ils comptaient entrer par le Point-du-Jour, dès qu'ils pourraient y forcer le rempart, sous les feux convergents du mont Valérien et du fortd'Issy. Le mont Valérien était à eux, tous leurs efforts tendaient à s'emparer du fort d'Issy, qu'ils attaquaient, en utilisant les anciens travaux des Prussiens. Depuis le milieu d'avril, la fusillade, la canonnade ne cessaient plus. A Levallois, à Neuilly, c'était un combat incessant, un feu de tirailleurs de toutes les minutes, le jour et la nuit. De grosses pièces, montées sur des wagons blindés, évoluaient le long du chemin de fer de ceinture, tiraient sur Asnières, pardessus Levallois. Mais à Vanves, à Issy surtout, le bombardement faisait rage, toutes les vitres de Paris en tremblaient, comme aux journées les plus rudes du siège. Et, le 9 mai, lorsque, après une première alerte, le fort d'Issy tomba définitivement aux mains de l'armée de Versailles, ce fut pour la Commune la défaite certaine, un coup de panique qui la jeta aux pires résolutions.

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