La Débâcle
La Débâcle (paragraphe n°3014)
Chapitre VII
Ce fut le lendemain seulement que Maurice, parti avec son bataillon à la conquête de Versailles, revit se dresser, dans la fièvre de ses souvenirs, la figure triste de Jean, lui criant au revoir. L'attaque des Versaillais avait stupéfié et indigné la garde nationale. Trois colonnes, une cinquantaine de mille hommes, s'étaient rués dès le matin, par Bougival et par Meudon, pour s'emparer de l'Assemblée monarchiste et de Thiers l'assassin. C'était la sortie torrentielle, si ardemment exigée pendant le siège, et Maurice se demandait où il allait revoir Jean, si ce n'était pas là-bas, parmi les morts du champ de bataille. Mais la déroute fut trop prompte, son bataillon atteignait à peine le plateau des Bergères, sur la route de Rueil, lorsque, tout d'un coup, des obus, lancés du mont Valérien, tombèrent dans les rangs. Il y eut une stupeur, les uns croyaient que le fort était occupé par des camarades, les autres racontaient que le commandant avait pris l'engagement de ne pas tirer. Et une terreur folle s'empara des hommes, les bataillons se débandèrent, rentrèrent au galop dans Paris, tandis que la tête de lacolonne, prise par un mouvement tournant du général Vinoy, allait se faire massacrer dans Rueil.