La Débâcle
La Débâcle (paragraphe n°2177)
Partie : DEUXIEME PARTIE, chapitre VIII
Dans la salle à manger, cependant, la cuisinière venait de servir des bols de café au lait pour tout le monde. Henriette et Gilberte s'étaient réveillées, cette dernière reposée par un bon sommeil, le visage clair, les yeux gais ; et elle embrassait tendrement son amie, qu'elle plaignait, disait-elle, du plus profond de son âme. Maurice se plaça près de sa sœur, tandis que Jean, un peu gauche, ayant dû accepter lui aussi, se trouva en face deDelaherche. Jamais madame Delaherche, ne consentit à venir s'attabler, on lui porta un bol, qu'elle se contenta de boire. Mais, à côté, le déjeuner des cinq, d'abord silencieux, s'anima bientôt. On était délabré, on avait très faim, comment ne pas se réjouir de se retrouver là, intacts, bien portants, lorsque des milliers de pauvres diables couvraient encore les campagnes environnantes ? Dans la grande salle à manger fraîche, la nappe toute blanche était une joie pour les yeux, et le café au lait, très chaud, semblait exquis.