La Débâcle

La Débâcle (paragraphe n°1916)

Partie : DEUXIEME PARTIE, chapitre VII

A cette heure, autour de Sedan, de toutes les positions perdues, de Floing, du plateau d'Illy, du bois de la Garenne, de la vallée de la Givonne, de la route de Bazeilles, un flot épouvanté d'hommes, de chevaux et de canons refluait, roulait vers la ville. Cette place forte, sur laquelle on avait eu l'idée désastreuse de s'appuyer, devenait une tentation funeste, l'abri qui s'offrait aux fuyards, le salut où se laissaient entraîner les plus braves, dans la démoralisation et la panique de tous. Derrière les remparts, là-bas, on s'imaginait qu'on échapperait enfin à cette terrible artillerie, grondant depuis bientôt douze heures ; et il n'y avait plus de conscience, plus de raisonnement, la bête emportait l'homme, c'était la folie de l'instinct galopant, cherchant le trou, pour se terrer et dormir.

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