La Débâcle
La Débâcle (paragraphe n°1344)
Partie : DEUXIEME PARTIE, chapitre III
Vivement, Henriette retourna chez elle, rue des Voyards. Elle était convaincue de trouver son mari rentré ; et même elle pensa qu'en ne la voyant pas au logis, il devait être très inquiet, ce qui lui fit encore hâter le pas. Comme elle approchait de la maison, elle leva la tête, croyant l'apercevoir là-haut, penché à la fenêtre, en train de guetter son retour. Mais la fenêtre, toujours grande ouverte, était vide. Et, lorsqu'elle fut montée, qu'elle eut donné un coup d'œil dans les trois pièces, elle resta saisie, serrée au cœur, de n'y retrouver que le brouillard glacial, dans l'ébranlement continu du canon. Là-bas, on tirait toujours. Elle se remit un instant à la fenêtre. Maintenant, renseignée, bien que le mur des brumes matinales restât impénétrable, elle se rendait parfaitement compte de la lutte engagée à Bazeilles, le craquement des mitrailleuses, les volées fracassantes des batteries françaises répondant aux volées lointaines des batteries allemandes. On aurait dit que les détonations se rapprochaient, la bataille s'aggravait de minute en minute.