La Débâcle

La Débâcle (paragraphe n°1330)

Partie : DEUXIEME PARTIE, chapitre III

Et jamais Sedan ne lui avait fait cette impression de ville tragique, ainsi vu, sous le petit jour sale, noyé de brouillard. Les maisons semblaient mortes ; beaucoup, depuis deux jours, se trouvaient abandonnées et vides ; les autres restaient hermétiquement closes, dansl'insomnie peureuse qu'on y sentait. C'était tout un matin grelottant, avec ces rues à demi désertes encore, seulement peuplées d'ombres anxieuses, traversées de brusques départs, au milieu du ramas louche qui traînait déjà de la veine. Le jour allait grandir et la ville s'encombrer, submergée sous le désastre. Il était cinq heures et demie, on entendait à peine le bruit du canon, assourdi entre les hautes façades noires.

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