La Débâcle

La Débâcle (paragraphe n°1278)

Partie : DEUXIEME PARTIE, chapitre II

Et, pendant un instant, sa curiosité anxieuse, où entrait le frisson de sa peur première, eut un aliment. Il ne quittait plus du regard le sommet arrondi du mamelon, la seule bosse de terrain qu'il aperçût, dominant la ligne fuyante des vastes champs, au ras de son œil. Le Hattoy était beaucoup trop éloigné, pour qu'il y distinguât les servants des batteries que les Prussiens venaient d'y établir ; et il ne voyait en effet que les fumées, à chaque décharge, au-dessus d'un taillis, qui devait cacher les pièces. C'était, comme il en avait eu le sentiment, une chose grave, que la prise par l'ennemi de cette position ;dont le général Douay avait dû abandonner la défense. Elle commandait les plateaux environnants. Tout de suite, les batteries, qui ouvraient leur feu sur la deuxième division du 7e corps, la décimèrent. Maintenant, le tir se réglait, la batterie française, près de laquelle était couchée la compagnie Beaudoin, eut coup sur coup deux servants tués. Un éclat vint même blesser un homme de cette compagnie, un fourrier dont le talon gauche fut emporté et qui se mit à pousser des hurlements de douleur, dans une sorte de folie subite.

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