La Débâcle
La Débâcle (paragraphe n°1147)
Partie : DEUXIEME PARTIE, chapitre II
Sur le plateau de Floing, au petit jour, dans le brouillard épais, le clairon Gaude sonna la diane, de tout son souffle. Mais l'air était si noyé d'eau, que la sonnerie joyeuse s'étouffait. Et les hommes de la compagnie, qui n'avaient pas même eu le courage de dresser les tentes, roulés dans les toiles, couchés dans la boue, ne s'éveillaient pas, pareils déjà à des cadavres, avec leurs faces blêmes, durcies de fatigue et de sommeil. Il fallut les secouer un à un, les tirer de ce néant ; et ils se soulevaient comme des ressuscités, livides, les yeux pleins de la terreur de vivre.