La Curée

La Curée (paragraphe n°796)

Chapitre V

Cependant, Renée ne s'était pas cloîtrée. Elle courait le monde, y menait Maxime à sa suite, comme un page blond en habit noir, y goûtait même des plaisirs plus vifs. La saison fut pour elle un long triomphe. Jamais elle n'avait eu des imaginations plus hardies de toilettes et de coiffures. Ce fut alors qu'elle risqua cette fameuse robe de satin couleur buisson, sur laquelle était brodée toute une chasse au cerf, avec des attributs, des poires à poudre, des cors de chasse, des couteaux à larges lames. Ce fut alors aussi qu'elle mit à la mode les coiffures antiques que Maxime dut aller dessiner pour elle au musée Campana, récemment ouvert. Elle rajeunissait, elle était dans la plénitude de sa beauté turbulente. L'inceste mettait en elle une flamme qui luisait au fond de ses yeux et chauffait ses rires. Son binocle prenait des insolences suprêmes sur le bout de son nez, et elle regardait les autres femmes, les bonnes amies étalées dans l'énormité de quelque vice, d'un air d'adolescent vantard, d'un sourire fixe signifiant : " J'ai mon crime. " 

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