La Curée
La Curée (paragraphe n°477)
Chapitre III
Puis elle se penchait à son oreille, comme si le bruit de sa voix l'eût seul fait rougir, et elle lui confiait une de ces histoires de couvent qui traînent dans les chansons ordurières. Lui, avait une trop riche collection d'anecdotes de ce genre, pour rester à court. Il lui chantonnait à l'oreille des couplets très crus. Et ils entraient peu à peu dans un état de béatitude particulier, bercés par toutes ces idées charnelles qu'ils remuaient, chatouillés par de petits désirs qui ne se formulaient pas. La voiture roulait doucement, ils rentraient avec une fatigue délicieuse, plus lassés qu'au matin d'une nuit d'amour. Ils avaient fait le mal, comme deux garçons courant les sentiers sans maîtresses, et qui se contentent avec leurs souvenirs mutuels.