La Curée

La Curée (paragraphe n°475)

Chapitre III

La camaraderie de Renée et de Maxime alla si loin, qu'elle lui conta ses peines de cœur. Il la consolait, lui donnait des conseils. Son père ne semblait pas exister. Puis, ils en vinrent à se faire des confidences sur leur jeunesse. C'était surtout pendant leurs promenades auBois qu'ils ressentaient une langueur vague, un besoin de se raconter des choses difficiles à dire, et qu'on ne raconte pas. Cette joie que les enfants éprouvent à causer tout bas des choses défendues, cet attrait qu'il y a pour un jeune homme et une jeune femme à descendre ensemble dans le péché, en paroles seulement, les ramenaient sans cesse aux sujets scabreux. Ils y jouissaient profondément d'une volupté qu'ils ne se reprochaient pas, qu'ils goûtaient, mollement étendus aux deux coins de leur voiture, comme des camarades qui se rappellent leurs premières escapades. Ils finirent par devenir des fanfarons de mauvaises mœurs. Renée avoua qu'au pensionnat les petites filles étaient très polissonnes. Maxime renchérit et osa raconter quelques-unes des hontes du collège de Plassans.

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