La Curée
La Curée (paragraphe n°1452)
Chapitre VII
Quand Maxime eut épousé Louise, et que les jeunes gens furent partis pour l'Italie, elle ne s'inquiéta plus de son amant, elle parut même l'oublier tout à fait. Et quand, au bout de six mois, Maxime revint seul, ayant enterré " la bossue " dans le cimetière d'une petite ville de la Lombardie, ce fut de la haine qu'elle montra pour lui. Elle se rappela Phèdre, elle se souvint sans doute de cet amour empoisonné auquel elle avait entendu la Ristori prêter ses sanglots. Alors, pour ne plus rencontrer chez elle le jeune homme, pour creuser à jamais un abîme de honte entre le père et le fils, elle força son mari à connaître l'inceste, elle lui raconta que, le jour où il l'avait surprise avec Maxime, c'était celui-ci qui la poursuivait depuis longtemps, qui cherchait à la violenter. Saccard fut horriblement contrarié de l'insistance qu'elle mit à vouloir lui ouvrir les yeux. Il dut se fâcher avec son fils, cesser de le voir. Le jeune veuf, riche de la dot de sa femme, alla vivre en garçon, dans un petit hôtel de l'avenue de l'impératrice. Il avait renoncé au Conseil d'Etat, il faisait courir. Renée goûta là une de ses dernières satisfactions. Elle se vengeait, elle jetait à la face de ces deux hommes l'infamie qu'ils avaient mise en elle ; elle se disait que, maintenant, elle ne les verrait plusse moquer d'elle, au bras l'un de l'autre, comme des camarades.