La Curée
La Curée (paragraphe n°1202)
Chapitre VI
Les rideaux s'ouvraient, le piano jouait plus fort. Ce fut un éblouissement. Le rayon électrique tombait sur une splendeur flambante, dans laquelle les spectateurs ne virent d'abord qu'un brasier, où des lingots d'or et des pierres précieuses semblaient se fondre. Une nouvellegrotte se creusait ; mais celle-là n'était pas le frais réduit de Vénus, baigné par le flot mourant sur un sable fin semé de perles ; elle devait se trouver au centre de la terre, dans une couche ardente et profonde, fissure de l'enfer antique, crevasse d'une mine de métaux en fusion habitée par Plutus. La soie imitant le roc montrait de larges filons métalliques, des coulées qui étaient comme les veines du vieux monde, charriant les richesses incalculables et la vie éternelle du sol. A terre, par un anachronisme hardi de monsieur Hupel de la Noue, il y avait un écroulement de pièces de vingt francs ; des louis étalés, des louis entassés, un pullulement de louis qui montaient.