La Curée
La Curée (paragraphe n°1069)
Chapitre V
Dans la serre, il siffla comme la veille ; mais il n'attendit pas. Renée vint lui ouvrir la porte-fenêtre du petit salon, et monta devant lui sans parler. Elle rentrait à peine d'un bal de l'Hôtel de Ville. Elle était encore vêtue d'une robe blanche de tulle bouillonné, semée de nœuds de satin ; les basques du corsage de satin se trouvaient encadrées d'une large dentelle de jais blanc, que la lumière des candélabres moirait de bleu et de rose. Quand Maxime la regarda, en haut, il fut touché de sa pâleur, de l'émotion profonde qui lui coupait la voix. Elle ne devait pas l'attendre, elle était toute frissonnante de le voir arriver comme à l'ordinaire, tranquillement, de son air câlin. Céleste revint de la garde-robe, où elle était allée chercher une chemise de nuit, et les amants continuèrent à garder le silence, attendant que cette fille ne fût plus là. Ils ne se gênaient pas d'habitude devant elle ; mais des pudeurs leur venaient pour les choses qu'ils se sentaient sur les lèvres. Renée voulut que Céleste la déshabillât dans la chambre à coucher, où il y avait un grand feu. La chambrière ôtait les épingles, enlevait les chiffons un à un, sans se presser. Et Maxime,ennuyé, prit machinalement la chemise, qui se trouvait à côté de lui sur une chaise, et la fit chauffer devant la flamme, penché, les bras élargis. C'était lui qui, aux jours heureux, rendait ce petit service à Renée. Elle eut un attendrissement, à le voir présenter délicatement la chemise au feu. Puis comme Céleste n'en finissait pas :