La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°767)

Chapitre IX

L'abbé Faujas semblait ne pas s'apercevoir du lent réveil qui l'animait chaque jour davantage. Il restait pour elle un homme affairé, obligeant, laissant le ciel de côté. Jamais le prêtre ne perçait. Parfois, pourtant, elle le dérangeait d'un enterrement ; il venait en surplis, causait un instant entre deux piliers, apportant avec lui une vague odeur d'encens et de cire. C'était souvent pour un mémoire de maçon, une exigence du menuisier. Il indiquait des chiffres précis, et s'en allait accompagner son mort, tandis qu'elle demeurait là, s'attardait dans la nef vide, où un bedeau éteignait les cierges. Quand l'abbé Faujas, traversant l'église avec elle, s'inclinait devant le maître-autel, elle avait pris l'habitude de s'incliner de même, d'abord par simple convenance ; puis, ce salut était devenu machinal, et elle saluait même lorsqu'elle se trouvait seule. Jusque-là, cette révérence était toute sa dévotion. Deux ou trois fois, elle vint sans savoir, des jours de grande cérémonie ; mais en entendant le bruit des orgues, en voyant l'église pleine, elle s'était sauvée, prise de peur, n'osant franchir la porte.

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