La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°515)

Chapitre VI

Monsieur l'abbé, dit-il, je crois que nous venons de nous confesser sans le vouloir... C'est un gros péché, n'est-ce pas, que de médire du prochain ? Heureusement que vous étiez là pour nous absoudre. L'abbé, si maître qu'il fût de son visage, ne put s'empêcher de rougir légèrement. Il entendit à merveille que monsieur de Condamin lui reprochait d'avoir retenu son souffle pour écouter. Mais celui-ci n'était pas homme à garder rancune à un curieux, au contraire. Il fut ravi de cette pointe de complicité qu'il venait de mettre entre le prêtre et lui. Cela l'autorisait à causer librement, à tuer la soirée en racontant l'histoire scandaleuse des personnes qui étaient là. C'était son meilleur régal. Cet abbé nouvellement arrivé à Plassans lui semblait un excellent auditeur ; d'autant plus qu'il avait une vilaine mine, une mine d'homme bon à tout entendre, et qu'il portait une soutane vraiment trop usée pour que les confidences qu'on se permettrait avec lui pussent tirer à conséquence.

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