La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2445)

Chapitre XXII

Il la chercha dans la petite serre, à droite de la terrasse. La petite serre était encombrée des cadavres séchés des grands buis ; ils s'empilaient, en fascines, au milieu de tronçons d'arbres fruitiers, épars comme des membres coupés. Dans un coin, la cage qui avait servi aux oiseaux de Désirée pendait à un clou, lamentable, la porte crevée, avec des bouts de fil de fer qui se hérissaient. Le fou recula, pris de peur, comme s'il avait ouvert la porte d'un caveau. Bégayant, le sang à la gorge, il monta sur la terrasse, rôda devant la porte et les fenêtres closes. La colère, qui grandissait en lui, donnait à ses membres une souplesse de bête ; il se ramassait, marchait sans bruit, cherchait une fissure. Un soupirail de la cave lui suffit. Il s'amincit, se glissa avec une habileté de chat, égratignant le mur de ses ongles. Enfin il était dans la maison.

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