La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2441)

Chapitre XXII

Il était dans le jardin. Ayant levé la tête, apercevant, au premier étage, la chambre à coucher vivement éclairée, il crut que sa femme se mettait au lit. Cela lui causa un grand étonnement. Sans doute il avait dormi sous le pont en attendant la fin de l'averse. Il devait être très tard. En effet, les fenêtres voisines, celles de monsieur Rastoil aussi bien que celles de la sous-préfecture, étaient noires. Et il ramenait les yeux, lorsqu'il vit une lueur de lampe, au second étage, derrière les rideaux épais de l'abbé Faujas. Ce fut comme un œil flamboyant, allumé au front de la façade, qui le brûlait. Il se serra les tempes entre ses mains brûlantes, la tête perdue, roulant dans un souvenir abominable, dans un cauchemar évanoui, où rien de net ne se formulait, où s'agitait, pour lui et les siens, la menace d'un péril ancien, grandi lentement, devenu terrible, au fond duquel la maison allait s'engloutir, s'il ne la sauvait.

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