La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2084)

Chapitre XIX

J'ai beaucoup de remerciements à vous adresser, continua-t-il ; vous m'avez évité bien des fautes. Je regardais le but, je ne voyais point les ficelles tendues qui auraient peut-être suffi pour me faire casser les membres... Dieu merci ! toute cette petite guerre puérile est finie ; je vais pouvoir me remuer à l'aise... Quant à mon choix, il est bon, soyez-en persuadée. Dès le lendemain de mon arrivée à Plassans, j'ai cherché un homme, et je n'ai trouvé que celui-là. Il est souple, très capable, très actif ; il a su ne se fâcher avec personne jusqu'ici, ce qui n'est pas d'un ambitieux vulgaire. Jen'ignore pas que vous n'êtes guère de ses amies ; c'est même pour cela que je ne vous ai point mise dans la confidence. Mais vous avez tort, vous verrez le chemin que le personnage fera, dès qu'il aura le pied à l'étrier ; il mourra dans l'habit d'un sénateur... Ce qui m'a décidé, enfin, ce sont les histoires qu'on m'a contées de sa fortune. Il aurait repris trois fois sa femme, trouvée en flagrant délit, après s'être fait donner cent mille francs chaque fois par son bonhomme de beau-père. S'il a réellement battu monnaie de cette façon, c'est un gaillard qui sera très utile à Paris pour certaines besognes... Oh ! vous pouvez chercher. Si vous le mettez à part, il n'y a plus que des imbéciles à Plassans.

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