La Conquête de Plassans
La Conquête de Plassans (paragraphe n°1882)
Chapitre XVIII
L'abbé Faujas avait écouté curieusement, sans prendre part à la conversation. Puis, comme on se taisait, il fit entendre que ces histoires de fou attristaient lesdames ; il voulut qu'on parlât d'autre chose. Mais la curiosité était éveillée, les deux sociétés se mirent à épier les moindres actes de Mouret. Celui-ci ne descendait plus qu'une heure par jour au jardin, après le déjeuner, pendant que les Faujas restaient à table avec sa femme. Dès qu'il y avait mis les pieds, il tombait sous la surveillance active de la famille Rastoil et des familiers de la sous-préfecture. Il ne pouvait s'arrêter devant un carré de légumes, s'intéresser à une salade, hasarder un geste, sans donner lieu, à droite et à gauche, dans les deux jardins, aux commentaires les plus désobligeants. Tout le monde se tournait contre lui. Monsieur de Condamin seul le défendait encore. Mais, un jour, la belle Octavie lui dit, en déjeunant :