La Conquête de Plassans
La Conquête de Plassans (paragraphe n°1831)
Chapitre XVIII
Au bout du cours Sauvaire, lorsque Mouret passa devant le cercle de la Jeunesse, il retrouva les rires étouffés qui l'accompagnaient depuis qu'il avait mis les pieds dans la rue. Il vit parfaitement, sur le seuil du cercle, Séverin Rastoil qui le désignait à un groupe de jeunes gens. Décidément, c'était de lui que la ville riait ainsi. Il baissa la tête, pris d'une sorte de peur, ne s'expliquant pas cet acharnement, filant le long des maisons. Comme il allait entrer dans la rue Canquoin, il entendit un bruit derrière lui ; il tourna la tête, il aperçut trois gamins qui le suivaient : deux grands, l'air effronté, et un tout petit, très sérieux, tenant à la main une vieille orange ramassée dans un ruisseau. Alors, il suivit la rueCanquoin, coupa par la place des Récollets, se trouva dans la rue de la Banne. Les gamins le suivaient toujours.