La Conquête de Plassans
La Conquête de Plassans (paragraphe n°1285)
Chapitre XIV
Cependant, monsieur Péqueur des Saulaies, après avoir rejoint monsieur de Condamin et monsieur Delangre, manœuvrait habilement pour les conduire du côté de la porte charretière. Quand il n'en fut plus qu'à quelques pas, il s'arrêta, comme intéressé par la partie de volant qui continuait dans l'impasse. L'abbé Surin, les cheveux au vent, les manches de la soutane retroussées, montrant ses poignets blancs et minces comme ceux d'une femme, venait de reculer la distance, en plaçant mademoiselle Aurélie à vingt pas. Il se sentait regardé, il se surpassait vraiment. Mademoiselle Aurélie était, elle aussi, dans un de ses bons jours, au contact d'un tel maître. Le volant, lancé du poignet, décrivait une courbe molle, très allongée ; et cela avec une telle régularité, qu'il semblait tomber de lui-même sur les raquettes, voler de l'une à l'autre, du même vol souple, sans que les joueurs bougeassent de place. L'abbé Surin, la taille un peu renversée, développait les grâces de son buste.