La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°1064)

Chapitre XII

Cependant, l'abbé Faujas, depuis qu'il était curé de Saint-Saturnin, avait une dignité douce, qui semblait le grandir encore. Il portait son bréviaire et son chapeau magistralement. A la cathédrale, il s'était révélé par des coups de force, qui lui assurèrent le respect du clergé. L'abbé Fenil, vaincu de nouveau sur deux ou trois questions de détail, paraissait laisser la place libre à son adversaire. Mais celui-ci ne commettait pas la sottise de triompher brutalement. Il avait une fierté à lui, d'une souplesse et d'une humilité surprenantes. Il sentait parfaitement que Plassans était loin de lui appartenir encore. Ainsi, il s'arrêtait parfois dans la rue pour serrer la main de monsieur Delangre, il échangeait simplement de courts saluts avec monsieur de Bourdeu, monsieur Maffre et les autres invités du président Rastoil. Toute une partie de la société de la ville gardait à son égard une grande méfiance. On l'accusait d'avoir des opinions politiques fort louches. Il fallait qu'il s'expliquât, qu'il sedéclarât pour un parti. Mais lui, souriait, disait qu'il était du parti des honnêtes gens, ce qui le dispensait de répondre plus nettement. D'ailleurs, il ne montrait aucune hâte, il continuait de rester à l'écart, attendant que les portes s'ouvrissent d'elles-mêmes.

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