La Bête humaine
La Bête humaine (paragraphe n°1842)
Chapitre XI
Ah ! tu t'es aperçu, tu sais cela aussi... Oui, c'est vrai, il y a celui-là encore. Je me demande ce qu'ils ont tous... Celui-là ne m'a jamais dit un mot. Mais je le vois bien qui se tord les bras, quand nous nous embrassons. Il m'entend te tutoyer, il pleure dans les coins. Et puis, il me vole tout, des affaires à moi, des gants, jusqu'à des mouchoirs qui disparaissent, qu'il emporte là-bas, dans sa caverne, comme des trésors... Seulement, tu ne vas pas t'imaginer que je suis capable de céder à ce sauvage. Ilest trop gros, il me ferait peur. D'ailleurs, il ne demande rien... Non, non, ces grandes brutes, quand c'est timide, ça meurt d'amour, sans rien exiger. Tu pourrais me laisser un mois à sa garde, il ne me toucherait pas du bout des doigts, pas plus qu'il n'avait touché à Louisette, ça, j'en réponds aujourd'hui.