L'Œuvre
L'Œuvre (paragraphe n°398)
Chapitre III
Mais, à Paris, il avait vécu dépaysé, sans défense, ratant l'Ecole des beaux-arts, mangeant sa pension à ne rien faire ; si bien que, au bout des quatre ans, il s'était vu forcé, pour vivre, de se mettre aux gages d'un marchand de bons dieux, où il grattait dix heures par jour des Saint-Joseph, des Saint-Roch, des Madeleine, tout le calendrier des paroisses. Depuis six mois seulement, l'ambition l'avait repris, en retrouvant des camarades de Provence, des gaillards dont il était l'aîné, connus autrefois chez tata Giraud, un pensionnat de mioches, devenus aujourd'hui de farouches révolutionnaires ; et cette ambition tournait au gigantesque, dans cette fréquentation d'artistes passionnés, qui lui troublaient la cervelle avec l'emportement de leurs théories.