L'Œuvre
L'Œuvre (paragraphe n°395)
Chapitre III
La boutique, assez grande, était comme emplie par un tas d'argile, une Bacchante colossale, à demi renversée sur une roche. Les madriers qui la portaient, pliaient sous le poids de cette masse encore informe, où l'on ne distinguait que des seins de géante et des cuisses pareilles à des tours. De l'eau avait coulé, des baquets boueux traînaient, un gâchis de plâtre salissait tout un coin ; tandis que, sur les planches de l'ancienne fruiterie restées en place, se débandaient quelques moulages d'antiques, que la poussière amassée lentement semblait ourler de cendre fine. Une humidité de buanderie, une odeur fade de glaise mouillée montait du sol. Et cette misère des ateliers de sculpteur, cette saleté du métier s'accusaient davantage, sous la clarté blafarde des vitres barbouillées de la devanture.