L'Œuvre
L'Œuvre (paragraphe n°347)
Chapitre III
Claude était au second, lorsque la concierge, le rappelant, cria d'un ton aigre que monsieur Dubuche n'était pas chez lui, et qu'il avait même découché. Lentement, il se retrouva sur le trottoir, stupéfié par cette chose énorme, une escapade de Dubuche. C'était une malchance incroyable. Il erra un moment sans but. Mais, comme il s'arrêtait au coin de la rue de Seine, ne sachant de quel côté tourner, il se souvint brusquement de ce que lui avait conté son ami : certaine nuit passée à l'atelier Dequersonnière, une dernière nuit de terrible travail, la veille du jour où les projets des élèves devaient être déposés à l'Ecole des beaux-arts. Tout de suite, il monta vers la rue du Four, dans laquelle était l'atelier. Jusque-là, il avait évité d'y aller jamais prendre Dubuche, par crainte des huées dont on y accueillait les profanes. Et il y allait carrément, sa timidité s'enhardissait dans son angoisse d'être seul, au point qu'il se sentait prêt à subir des injures, pour conquérir un compagnon de misère.