L'Assommoir

L'Assommoir (paragraphe n°654)

Partie : Préface de l'auteur, chapitre IV

L'accident de Coupeau avait mis la famille en l'air. Maman Coupeau passait les nuits avec Gervaise ; mais, dès neuf heures, elle s'endormait sur sa chaise. Chaque soir, en rentrant du travail, madame Lerat faisait un grand détour pour prendre des nouvelles. Les Lorilleux étaient d'abord venus deux et trois fois par jour, offrant de veiller, apportant même un fauteuil pour Gervaise. Puis, des querelles n'avaient pas tardé à s'élever sur la façon de soigner les malades. Madame Lorilleux prétendait avoir sauvé assez de gens dans sa vie pour savoir comment il fallait s'y prendre. Elle accusait aussi la jeune femme de la bousculer, de l'écarter du lit de son frère. Bien sûr, la Banban avait raison de vouloir quand même guérir Coupeau ; car enfin, si elle n'était pas allée le déranger rue de la Nation, il ne serait pas tombé. Seulement, de la manière dont elle l'accommodait, elle était certaine de l'achever.

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