L'Assommoir

L'Assommoir (paragraphe n°647)

Partie : Préface de l'auteur, chapitre IV

Quatre hommes finirent par transporter Coupeau chez un pharmacien, au coin de la rue des Poissonniers ; et il demeura là près d'une heure, au milieu de la boutique, sur une couverture, pendant qu'on était allé chercher un brancard à l'hôpital Lariboisière. Il respirait encore, mais le pharmacien avait de petits hochements de tête. Maintenant, Gervaise, à genoux par terre, sanglotait d'une façon continue, barbouillée de ses larmes, aveuglée, hébétée. D'un mouvement machinal, elle avançait les mains, tâtait les membres de son mari, très doucement. Puis, elle les retirait, en regardant le pharmacien qui lui avait défendu de toucher ; et elle recommençait quelques secondes plus tard, ne pouvant s'empêcher de s'assurer s'il restait chaud, croyant lui faire du bien. Quand le brancard arriva enfin, et qu'on parla de partir pour l'hôpital, elle se releva, en disant violemment :

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