L'Assommoir
L'Assommoir (paragraphe n°583)
Partie : Préface de l'auteur, chapitre IV
Il disparut dans la cuisine. Maman Coupeau, après avoir embrassé Gervaise, s'émerveillait de la grosseur de l'enfant. Les deux autres femmes avaient également appliqué de gros baisers sur les joues de l'accouchée. Ettoutes trois, debout devant le lit, commentaient, en s'exclamant, les détails des couches, de drôles de couches, une dent à arracher, pas davantage. Madame Lerat examinait la petite partout, la déclarait bien conformée, ajoutait même, avec intention, que ça ferait une fameuse femme ; et, comme elle lui trouvait la tête trop pointue, elle la pétrissait légèrement, malgré ses cris, afin de l'arrondir. Madame Lorilleux lui arracha le bébé en se fâchant : ça suffisait pour donner tous les vices à une créature, de la tripoter ainsi, quand elle avait le crâne si tendre. Puis, elle chercha la ressemblance. On manqua se disputer. Lorilleux, qui allongeait le cou derrière les femmes, répétait que la petite n'avait rien de Coupeau ; un peu le nez peut-être, et encore ! C'était toute sa mère, avec des yeux d'ailleurs ; pour sûr, ces yeux-là ne venaient pas de la famille.