L'Assommoir

L'Assommoir (paragraphe n°504)

Partie : Préface de l'auteur, chapitre III

Monsieur Madinier exaltait le cartonnage ; il y avait de vrais artistes, dans la partie ; ainsi, il citait des bottes d'étrennes, dont il connaissait les modèles, des merveilles de luxe. Lorilleux, pourtant, ricanait ; il était très vaniteux de travailler l'or, il en voyait comme un refletsur ses doigts et sur toute sa personne. Enfin, disait-il souvent, les bijoutiers, au temps jadis, portaient l'épée ; et il citait Bernard Palissy, sans savoir. Coupeau, lui, racontait une girouette, un chef-d'œuvre d'un de ses camarades ; ça se composait d'une colonne, puis d'une gerbe, puis d'une corbeille de fruits, puis d'un drapeau ; le tout, très bien reproduit, fait rien qu'avec des morceaux de zinc découpés et soudés. Madame Lerat montrait à Bibi-la-Grillade comment on tournait une queue de rose, en roulant le manche de son couteau entre ses doigts osseux. Cependant, les voix montaient, se croisaient ; on entendait, dans le bruit, des mots lancés très haut par madame Fauconnier, en train de se plaindre de ses ouvrières, d'un petit chausson d'apprentie qui lui avait encore brûlé, la veille, une paire de draps.

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