L'Assommoir
L'Assommoir (paragraphe n°2140)
Partie : Préface de l'auteur, chapitre XIII
Ma foi, Gervaise ne se dérangea pas. Il connaissait le chemin, il reviendrait bien tout seul de l'asile ; on l'y avait tant de fois guéri, qu'on lui ferait une fois de plus la mauvaise farce de le remettre sur ses pattes. Est-ce qu'elle ne venait pas d'apprendre le matin même que, pendant huit jours, on avait aperçu Coupeau, rond comme une balle, roulant les marchands de vin de Belleville, en compagnie de Mes-Bottes ! Parfaitement,c'était même Mes-Bottes qui finançait ; il avait dû jeter le grappin sur le magot de sa bourgeoise, des économies gagnées au joli jeu que vous savez. Ah ! ils buvaient là du propre argent, capable de flanquer toutes les mauvaises maladies ! Tant mieux, si Coupeau en avait empoigné des coliques ! Et Gervaise était surtout furieuse, en songeant que ces deux bougres d'égoïstes n'auraient seulement pas songé à venir la prendre pour lui payer une goutte. A-t-on jamais vu ! une noce de huit jours, et pas une galanterie aux dames ! Quand on boit seul, on crève seul, voilà !