L'Assommoir
L'Assommoir (paragraphe n°1969)
Partie : Préface de l'auteur, chapitre XI
Ce fut aux premières gelées que Nana s'esbigna une fois encore, sous le prétexte d'aller voir chez la fruitière s'il y avait des poires cuites. Elle sentait l'hiver, elle ne voulait pas claquer des dents devant le poêle éteint. Les Coupeau la traitèrent simplement de rosse, parce qu'ils attendaient les poires. Sans doute elle rentrerait ; l'autre hiver, elle était bien restée trois semaines pour descendre chercher deux sous de tabac. Mais les mois s'écoulèrent, la petite ne reparaissait plus. Cette fois, elle avait dû prendre un fameux galop. Lorsque juin arriva, elle ne revint pas davantage avec le soleil. Décidément, c'était fini, elle avait trouvé du pain blanc quelque part. Les Coupeau, un jour de dèche, vendirent le lit de fer del'enfant, six francs tout ronds qu'ils burent à Saint-Ouen. Ça les encombrait, ce lit.