L'Assommoir

L'Assommoir (paragraphe n°1029)

Partie : Préface de l'auteur, chapitre VII

Vrai, les Lorilleux avaient une drôle de tête. Personne, bien sûr, n'aime à être écrasé ; dans les familles surtout, quand les uns réussissent, les autres ragent, c'estnaturel. Seulement, on se contient, n'est-ce pas ? on ne se donne pas en spectacle. Eh bien ! les Lorilleux ne pouvaient pas se contenir. C'était plus fort qu'eux, ils louchaient, ils avaient le bec de travers. Enfin, ça se voyait si clairement, que les autres invités les regardaient et leur demandaient s'ils n'étaient pas indisposés. Jamais ils n'avaleraient la table avec ses quatorze couverts, son linge blanc, ses morceaux de pain coupés à l'avance. On se serait cru dans un restaurant des boulevards. Madame Lorilleux fit le tour, baissa le nez pour ne pas voir les fleurs ; et, sournoisement, elle tâta la grande nappe, tourmentée par l'idée qu'elle devait être neuve.

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