Germinal
Germinal (paragraphe n°2921)
Partie : Septième partie, chapitre IV
Lorsque, vers trois heures, les Grégoire et leur fille Cécile descendirent devant la fosse effondrée, ils y trouvèrent madame Hennebeau, arrivée la première, en toilette bleu marine, se garantissant, sous une ombrelle, du pâle soleil de février. Le ciel, très pur, avait une tiédeur de printemps. Justement, monsieur Hennebeau était là, avec Deneulin ; et elle écoutait d'une oreilledistraite les explications que lui donnait ce dernier sur les efforts qu'on avait dû faire pour endiguer le canal. Jeanne, qui emportait toujours un album, s'était mise à crayonner, enthousiasmée par l'horreur du motif ; pendant que Lucie, assise à côté d'elle sur un débris de wagon, poussait aussi des exclamations d'aise, trouvant ça « épatant ». La digue, inachevée, laissait passer des fuites nombreuses, dont les flots d'écume roulaient, tombaient en cascade dans l'énorme trou de la fosse engloutie. Pourtant, ce cratère se vidait, l'eau bue par les terres baissait, découvrait l'effrayant gâchis du fond. Sous l'azur tendre de la belle journée, c'était un cloaque, les ruines d'une ville abîmée et fondue dans de la boue.