Germinal

Germinal (paragraphe n°2898)

Partie : Septième partie, chapitre IV

L'opinion de Négrel était que pas un des malheureux ne survivait, les quinze avaient à coup sûr péri, noyés ou asphyxiés ; seulement, dans ces catastrophes des mines,la règle est de toujours supposer vivants les hommes murés au fond ; et il raisonnait en ce sens. Le premier problème qu'il se posait était de déduire où ils avaient pu se réfugier. Les porions, les vieux mineurs consultés par lui, tombaient d'accord sur ce point : devant la crue, les camarades étaient certainement montés, de galerie en galerie, jusque dans les tailles les plus hautes, de sorte qu'ils se trouvaient sans doute acculés au bout de quelque voie supérieure. Cela, du reste, s'accordait avec les renseignements du père Mouque, dont le récit embrouillé donnait même à croire que l'affolement de la fuite avait séparé la bande en petits groupes, semant les fuyards en chemin, à tous les étages. Mais les avis des porions se partageaient ensuite, dès qu'on abordait la discussion des tentatives possibles. Comme les voies les plus proches du sol étaient à cent cinquante mètres, on ne pouvait songer au fonçage d'un puits. Restait Réquillart, l'accès unique, le seul point par lequel on se rapprochait. Le pis était que la vieille fosse, inondée elle aussi, ne communiquait plus avec le Voreux, et n'avait de libre, au-dessus du niveau des eaux, que des tronçons de galerie dépendant du premier accrochage. L'épuisement allait demander des années, la meilleure décision était donc de visiter ces galeries, pour voir si elles n'avoisinaient pas les voies submergées, au bout desquelles on soupçonnait la présence des mineurs en détresse. Avant d'en arriver là logiquement, on avait beaucoup discuté, pour écarter une foule de projets impraticables.

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