Germinal
Germinal (paragraphe n°2895)
Partie : Septième partie, chapitre IV
Cependant, parmi le public, des bruits avaient transpiré, et la Direction dut envoyer une note rectificative à un journal, pour démentir une version où l'on parlait d'un baril de poudre, allumé par les grévistes. Déjà, après une rapide enquête, le rapport de l'ingénieur du gouvernement concluait à une rupture naturelle du cuvelage, que le tassement des terrains aurait occasionnée ; et la Compagnie avait préféré se taire et accepter le blâme d'un manque de surveillance. Dans la presse, à Paris, dès le troisième jour, la catastrophe était allée grossir les faits divers : on ne causait plus que des ouvriers agonisant au fond de la mine, on usait avidement les dépêches publiées chaque matin. A Montsou même, les bourgeois blêmissaient et perdaient la parole au seul nom du Voreux, une légende se formait, que les plus hardis tremblaient de se raconter à l'oreille. Tout le pays montrait aussi une grande pitié pour les victimes, des promenades s'organisaient à la fosse détruite, on y accourait en famille se donner l'horreur des décombres, pesant si lourd sur la tête des misérables ensevelis.