Germinal
Germinal (paragraphe n°2885)
Partie : Septième partie, chapitre III
Trois heures sonnèrent. Rien encore. Une averse avait trempé la foule, sans qu'elle reculât d'un pas. Le chien de Rasseneur s'était remis à aboyer. Et ce fut à trois heures vingt minutes seulement, qu'une première secousse ébranla la terre. Le Voreux en frémit, solide, toujours debout. Mais une seconde suivit aussitôt, et un long cri sortit des bouches ouvertes : le hangar goudronné du criblage, après avoir chancelé deux fois, venait de s'abattre avec un craquement terrible. Sous la pression énorme, les charpentes se rompaient et frottaient si fort, qu'il en jaillissait des gerbes d'étincelles. Dès ce moment, la terre ne cessa de trembler, les secousses sesuccédaient, des affaissements souterrains, des grondements de volcan en éruption. Au loin, le chien n'aboyait plus, il poussait des hurlements plaintifs, comme s'il eût annoncé les oscillations qu'il sentait venir ; et les femmes, les enfants, tout ce peuple qui regardait ne pouvait retenir une clameur de détresse, à chacun de ces bonds qui les soulevaient. En moins de dix minutes, la toiture ardoisée du beffroi s'écroula, la salle de recette et la chambre de la machine se fendirent, se trouèrent d'une brèche considérable. Puis les bruits se turent, l'effondrement s'arrêta, il se fit de nouveau un grand silence.