Germinal
Germinal (paragraphe n°2667)
Partie : Septième partie, chapitre I
L'après-midi du cinquième jour, Etienne, que la vue de cette femme silencieuse désespérait, quitta la salle et marcha lentement, le long de la rue pavée du coron. L'inaction, qui lui pesait, le poussait à de continuelles promenades, les bras ballants, la tête basse, torturé par la même pensée. Il piétinait ainsi depuis une demi-heure, lorsqu'il sentit, à un redoublement de son malaise, que les camarades se mettaient sur les portes pour le voir. Le peu qui restait de sa popularité s'en était allé au vent de la fusillade, il ne passait plus sans rencontrer des regards dont la flamme le suivait. Quand il leva la tête, des hommes menaçants étaient là, des femmes écartaient les petits rideaux des fenêtres ; et, sous l'accusation muette encore, sous la colère contenue de ces grands yeux, élargis par la faim et les larmes, il devenait maladroit, il ne savait plus marcher. Toujours, derrière lui, le sourd reproche augmentait. Une telle crainte le prit d'entendre le coron entier sortir pour lui crier sa misère, qu'il rentra, frémissant.