Germinal
Germinal (paragraphe n°2523)
Partie : Sixième partie, chapitre IV
Ils étaient au pied du terri, cachés dans l'ombre du tas énorme. Un nuage d'encre passait justement sur la lune, ils ne distinguaient même plus leurs visages, et leurs souffles se mêlaient, leurs lèvres se cherchaient, pour ce baiser dont le désir les avait tourmentés pendant des mois. Mais, brusquement, la lune reparut, ils virent au-dessus d'eux, en haut des roches blanches de lumière, la sentinelle détachée du Voreux, toute droite. Et, sans qu'ils se fussent baisés enfin, une pudeur les sépara, cette pudeur ancienne où il y avait de la colère, une vague répugnance et beaucoup d'amitié. Ils repartirent pesamment, dans le gâchis jusqu'aux chevilles.