Germinal
Germinal (paragraphe n°1088)
Partie : Troisième partie, chapitre IV
Lui seul avait l'intelligence assez déliée pour analyser la situation. Il l'expliquait de son air tranquille. La Compagnie, atteinte par la crise, était bien forcée de réduire ses frais, si elle ne voulait pas succomber ; et, naturellement, ce seraient les ouvriers qui devraient se serrer le ventre, elle rognerait leurs salaires, en inventant un prétexte quelconque. Depuis deux mois la houille restait sur le carreau de ses fosses, presque toutes les usines chômaient. Comme elle n'osait chômer aussi,effrayée devant l'inaction ruineuse du matériel, elle rêvait un moyen terme, peut-être une grève, d'où son peuple de mineurs sortirait dompté et moins payé. Enfin, la nouvelle caisse de prévoyance l'inquiétait, devenait une menace pour l'avenir, tandis qu'une grève l'en débarrasserait, en la vidant, lorsqu'elle était peu garnie encore.