Au Bonheur des dames
Au Bonheur des dames (paragraphe n°658)
Chapitre IV
Afin de contenter les quelques clientes qui étaient venues, on avait dû bouleverser déjà les armoires ; et, sur les deux longues tables de chêne, à gauche et à droite du salon, traînait un fouillis de manteaux, de pelisses, de rotondes, des vêtements de toutes les tailles et de toutes les étoffes. Sans répondre, Denise se mit à les trier, à les plier avec soin et à les classer de nouveau dans les armoires. C'était la besogne inférieure des débutantes. Elle ne protestait plus, sachant qu'on exigeait une obéissance passive, attendant que la première voulût bienla laisser vendre, ainsi qu'elle semblait d'abord en avoir l'intention. Et elle pliait toujours, lorsque Mouret parut. Ce fut pour elle une secousse ; elle rougit, elle se sentit reprise de son étrange peur, en croyant qu'il allait lui parler. Mais il ne la voyait seulement pas, il ne se rappelait plus cette petite fille, que l'impression charmante d'une minute lui avait fait appuyer.