Au Bonheur des dames
Au Bonheur des dames (paragraphe n°2640)
Chapitre XIII
Moi, j'ai mon compte... Mais je le tiens tout de même et je ne le lâche pas. Il a encore perdu en appel. Ah ! ça m'a coûté bon : près de deux ans de procès, et les avoués, et les avocats ! N'importe, il ne passera pas sous ma boutique, les juges ont décidé qu'un tel travail n'avait point le caractère d'une réparation motivée. Quand on pense qu'il parlait de créer, là-dessous, un salon de lumières, pour juger la couleur des étoffes au gaz, une pièce souterraine qui aurait relié la bonneterie à la draperie ! Et il ne dérage plus, il ne peut avaler qu'un vieux démon de mon espèce lui barre la route, quand tout le monde est à genoux devant son argent... Jamais ! je ne veux pas ! c'est bien entendu. Possible que je reste sur le carreau. Depuis que j'ai à me battre contre les huissiers, je sais que le gredin recherche mes créances, histoire sans doute de me jouer un vilain tour. Ça ne fait rien, il dit oui, je dis non, et je dirai non toujours, tonnerre de Dieu !même lorsque je serai cloué entre quatre planches, comme la petite qui s'en va, là-bas.