Au Bonheur des dames
Au Bonheur des dames (paragraphe n°2231)
Chapitre XI
Ces dames continuèrent la discussion sur les vêtements des grands magasins. Puis, madame de Boves parla de son mari, qui, disait-elle, venait de partir en inspection, pour visiter le dépôt d'étalons de Saint-Lô, et, justement, Henriette racontait que la maladie d'une tante avait appelé la veille madame Guibal en Franche-Comté. Du reste, elle ne comptait pas non plus, ce jour-là, sur madame Bourdelais, qui, toutes les fins de mois, s'enfermait avec une ouvrière, afin de passer en revue le linge de son petit monde. Cependant, madame Marty semblait agitée d'une sourde inquiétude. La situation de monsieur Marty était menacée au lycée Bonaparte, à la suite de leçons données par le pauvre homme, dans des institutions louches, où se faisait tout un négoce sur les diplômes de bachelier ; il battait monnaie comme il pouvait, fiévreusement, pour suffire aux rages de dépense qui saccageaient son ménage ; et elle, en le voyant pleurer un soir, devant la crainte d'un renvoi, avait eu l'idée d'employer son amie Henriette auprès d'un directeur du ministère de l'instruction publique, que celle-ci connaissait. Henriette finit par la tranquilliser d'un mot. Du reste, monsieur Marty allait venir lui-même connaître son sort et apporter ses remerciements.